
La télévision congolaise basculera de l’analogique au numérique d’ici le mois de juin prochain. Une nouvelle qui inquiète les téléspectateurs congolais en raison notamment des exigences consécutives à l’avènement de la télévision numérique terrestre (TNT) au détriment de la télévision analogique terrestre. Parmi ces exigences : l’achat de certains matériels appropriés à cette nouvelle génération de télévision, un poste téléviseur TNT, à défaut un décodeur…
L’inquiétude des Congolais est d’autant plus grande que cette nouvelle est tombée brusquement, alors que dans plusieurs pays africains, c’est depuis plusieurs années que la population a été préparée à ce grand événement. Un événement que Lambert Mende a annoncé le 30 Avril en ces termes au cours d’une conférence de presse tenue à Kinshasa à l’intention des responsables des médias audiovisuels : « cette migration de l’analogique vers le numérique interviendra de manière effective à partir du 17 juin prochain. Il est demandé à tous les téléspectateurs de faire un peu attention lorsqu’ils veulent acquérir un appareil récepteur TV de se méfier de l’analogique et de n’acheter que le numérique ».
Malheureusement cette annonce semble avoir été mal reçue par la population. A telle enseigne qu’elle estime que l’utilisation de la TNT exige certaines contraintes notamment : l’abonnement à un distributeur, ce qui coûte cher par rapport à leurs revenus mensuels, le changement de nouveaux postes téléviseurs TNT, une antenne de réception compatible, à défaut d’un décodeur.
Une autre source d’inquiétude est que d’autres congolais, sans avoir vérifié l’information ou pour n’avoir pas bien compris l’annonce de Lambert Mende, pensent que le ministre Mende a déclaré que le gouvernement allait fermer ou retirer en juin prochain les signaux de toutes les chaînes de télévision émettant en RDC. Une affirmation qui est loin d’être la réalité.
Les habitants de Kinshasa estiment que la migration vers la télévision numérique terrestre est de nature à empêcher de nombreuses familles à revenu faible de se procurer le poste téléviseur doté du nouveau système. Ils ajoutent que les perturbations dues au courant électrique dans la capitale congolaise vont continuer à constituer un obstacle pour accéder à cette nouveauté.
Une bonne partie de la population regrette le fait que le gouvernement n’a pas pu la vulgariser au préalable par des spots publicitaires ou procéder par des campagnes de communication pour permettre à la population de bien comprendre ce qu’est la TNT (avantages, son début…).
Pour s’imprégner des réalités et de la manière dont le commun des mortels kinois a reçu à tort et à travers cette nouvelle, après avoir parcouru quelques quartiers de la ville de Kinshasa, certains Kinois ont réagi par rapport à cette migration au numérique. C’est le cas de Serge Dinayako, qui estime que : "la télévision à Kinshasa est principalement le premier moyen de distraction pour les familles pauvres surtout dans les coins les plus reculés de Kinshasa [Mpasa, Kinkole, Maluku, Zamba télécom, Kisenso, Lemba ymbwa, Malueka, Kitokimosi, Malolo, etc.], et les obliger à s’approprier un abonnement chaque fin du mois, ça serait trop leur demander’’.
Selon Merveille Manuana, étudiant à l’Istm/Kin : "les bourses des Kinois sont très faibles, en particulier celles de nos fonctionnaires. Il faillait commencer d’abord par augmenter le salaire de chaque fonctionnaire pour leur permettre d’acheter leurs bouquets".
A en croire Miriam Fala : "ce passage d’analogie au numérique n’est pas une mauvaise chose, mais il se pose un problème d’instabilité du courant électrique qui ne permettra pas de bien bénéficier des abonnements" a-t-elle déploré
A combien sera le prix de l’abonnement ?
Un autre problème qui fait couler beaucoup de salive et dont on parle depuis le jour de l’annonce parmi les Kinois, c’est celui d’abandonner les anciens postes récepteurs analogiques en vue d’acheter ceux adaptés au numérique et le montant à payer pour l’abonnement ainsi que le prix pour l’accès à ces bouquets. Clarisse Akonga, une étudiante de l’UPN logée sur le campus : "cette mesure n’est pas satisfaisante pour nous les étudiants. Parce qu’avec 100$, on peut avoir un poste téléviseur de modèle Sharp, Philips, etc. et il faudra encore acheter avec un coût élevé non seulement d’autres télévisions pour y avoir accès mais aussi l’abonnement et les payer encore régulièrement !" S’est-elle étonnée.
Par ailleurs, certaines personnes estiment déjà qu’ils utiliseront des CD qu’on vend à 500Fc au lieu de s’abonner chez un distributeur à des prix exorbitants. Et se disent prêt à semer des troubles pour protester contre cette migration. Ce qui est déplorable.
Après toutes ces interventions, on voit clairement combien la population congolaise et kinoise en particulier n’a pas été sensibilisée à l’avance par le gouvernement de ce passage de la télévision analogique à la télévision numérique. Alors que d’autres pays qui vont intégrer dans le numérique de même que nous, ont commencé par sensibiliser la population avec des spots publicitaires et des campagnes médiatiques depuis 2013.
Interdit de fabriquer, importer et de commercialiser les télévisions analogiques
A en croire, M. Mende : "Le prix d’accès à la télévision numérique serait abordable pour tous les Kinois même ceux des revenus faibles. Il leur suffirait d’acheter leur décodeur, qu’ils utiliseront d’abord avec des postes récepteurs analogiques". Tout en reconnaissant que l’usage des postes récepteurs non adaptés au numérique ne sera plus compatible avec le nouveau système. Un point qui a encore découragé les tenanciers des magasins et d’autres réparateurs du marché Koweït, c’est celui de l’interdiction de fabriquer, d’importer, et de commercialiser des postes téléviseurs analogiques (…) car selon le ministre la RDC n’est pas une poubelle d’Afrique, a insisté M. Mende.
Rappelons également que, le passage de la télévision analogique à la télévision numérique a été annoncé par l'Union internationale de télécommunication depuis plusieurs années lors des assisses organisées à Genève visant à intégrer la télévision numérique terrestre dans le monde entier. Pour la RDC, cette migration effective à la TNT aura lieu le 17 Juin prochain. Contrairement à ce que pensent d’autres congolais.
Et il faut aussi noter que la TNT offre toute une litanie d’avantages entre autres : la qualité d’image et de son à haute définition, même pendant les intempéries. On peut l’utiliser à partir d’un ordinateur aussi adapté, elle propose de nombreux programmes afin qu’on ne puisse pas tous les jours avoir une télévision monotone aux programmes copier-coller d’une chaîne à une autre, etc.
La balle est dans le camp du gouvernement qui doit faire le nécessaire pour sensibiliser les populations congolaises soit par des spots publicitaires ou par des campagnes de communication en vue d’éliminer certaines zones d’ombres à propos de la TNT. Et surtout préciser le prix à payer pour l’accès à ces bouquets. Affaire à suivre.
Samuel Matondo Ditumwene
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